Atelier Ayesha : The alchemist of Dusk
Atelier Ayesha fut une excellente surprise. Dans ce flot sans fin de jeux où l'action tient une place primordiale, où l'on doit sauver le monde ou la galaxie (avec si possible des scènes de sexe et/ou de violence « matures » car gratuites), ce jeu m'a vraiment fait l'effet d'une pause bienvenue, une immersion dans un monde tranquille et reposant où l'on a des missions à remplir, un objectif à atteindre, mais en prenant notre temps, sans traîner, mais sans se presser non plus.
La version imagée et complète est à trouver ici : https://www.gameblog.fr/blogs/luciole/p_98870_atelier-ayesha-detente-le-temps-d-une-promenade-ensoleillee
Une histoire vivante, une ambiance prenante
L'histoire commence alors que nous faisons la connaissance d'Ayesha, jeune apothicaire de 18 ans qui vit seule à l'écart des villes et pratique son activité en concoctant des onguents et autres produits médicinaux (enfin surtout des onguents, enfin surtout UN onguent, je suppose qu'avoir le monopole absolu ne motive pas à se diversifier). Seule, oui, car elle a perdu sa jeune sœur Nio il y a quelques années. Cette dernière, partie chercher des herbes dans les ruines voisines, n'est jamais revenue, et est depuis considérée comme morte (NdA : chez moi on appelle ça « partir acheter une boite d'allumettes »). Ce souvenir douloureux se réveillera le jour où notre héroïne, partie dans ces mêmes ruines pour faire de la cueillette et se recueillir sur la tombe de sa sœur, verra cette dernière sous forme éthérée. Cette scène attirera également l'attention d'un visiteur, alchimiste de profession, qui lui apprend qu'il est encore possible de sauver Nio ; mais pour cela elle va devoir retrousser ses manches et apprendre l'alchimie, clé pour comprendre ce qui s'est passé, et donc nécessaire pour arranger les choses. De plus elle n'a que trois ans pour cela, faute de quoi il sera trop tard.
Vous voici donc parti pour une aventure pendant laquelle vous suivrez la quête de l'héroïne, maîtriserez l'alchimie, et créerez vos nouvelles amitiés.
Si l'histoire est très simple (voire simpliste par moment), elle n'en reste pas moins très efficace grâce à une ambiance à la fois reposante et entraînante. Très vite vous allez faire la connaissance de personnages qui seront autant d'occasions de petites histoires annexes. Où que vous alliez vous n'êtes pas à l'abri d'une rencontre inopinée qui sera l'occasion d'une petite scénette. Même si parfois ça devient trop intrusif (au point qu'aller chez le boulanger peut prendre 15 minutes au lieu de 30 secondes, en temps réel cette fois), ces événements ont le mérite de rythmer l'aventure principale de façon efficace, au point de facilement devenir plus intéressants que cette dernière par moments. Les PNJs secondaires sont tous attachants, et ils nous donnent envie d'en savoir plus sur eux et leur histoire. Vous ne vivez pas simplement l'aventure d'Ayesha, vous vivez AVEC Ayesha 3 ans de sa vie, vous faites de nouvelles rencontres, aidez vos amis (qui vous le rendent bien, partir risquer sa vie pour vous juste parce que vous aidez pour les devoirs d'été, c'est mieux que dans « rorona » où ami ou pas, il fallait payer pour qu'ils acceptent de vous protéger), tout ceci en faisant vos recherches sur l'état de votre sœur.
Par contre vous êtes prévenus, l'ambiance est très « monde merveilleux où chacun est prêt à aider ceux qui ont des problèmes, même les inconnus » et comporte un côté naïf très prononcé, avec une héroïne nunuche qui pourra en énerver certains, et une réutilisation éhontée de tous les stéréotypes connus. Personnellement je trouve cette ambiance rose bonbon assez reposante, vu la quantité de jeux actuels qui croient qu'un univers sombre et gris est un univers mâture, alors que c'est juste un univers pour dépressifs. Mais il vaut mieux être prévenu, c'est très cliché et sans « émotion » (pas de sexe, de drogue, ou de vengeance « cette-fois-c'est-personnel »), même si on reste très loin de la débilité d'un star océan IV, ou du vide scénaristique d'un uncharted.
Pour finir il est impossible de passer sous silence la superbe DA du titre qui vous plonge bien dans ce monde en le rendant très agréable à l'œil. Le coup de grâce étant porté lors des quelques artworks, magnifiques, qui ponctuent certains passages. Alors OK, inutile de se le cacher, elle est là aussi pour masquer les limites techniques du jeu, mais ça marche et c'est tout ce qui compte. En même temps je prend autant de plaisir visuel en face d'un Uncharted que d'un Xenoblade, donc je suis assez mal placé pour critiquer le côté technique des graphismes. Mais Atelier Ayesha nous prouve que la PS3 peut afficher plus de 5 couleurs en même temps sans tout passer en noir et blanc. A force de jouer à des jeux occidentaux « adultes » j'avais fini par en douter.
Et s'il n'y avait que ça, mais en plus ce jeu se paie le luxe de disposer d'une des plus belles OST de cette génération ! Qu'il s'agisse des thèmes de combat, nombreux, des thèmes de la carte du monde, variables selon votre localisation, ou des musiques d'événements, aussi variées et nombreuses que ces derniers, rien n'est raté. Je vous laisse ci-dessous une petite sélection, que vous vous fassiez votre propre idée.
https://www.youtube.com/watch?v=EVcc16o0SaY
https://www.youtube.com/watch?v=SAHcvHIO16Q
https://www.youtube.com/watch?v=Z2C3T8agqEo
En clair si l'histoire d'Ayesha et de sa sœur Nio est très (trop?) simple et rose, les histoires qui gravitent autour donnent au jeu une ambiance très douce, de type « tranche de vie » qui rend le tout très agréable à suivre. Par contre vous êtes prévenus, ça ne plaira pas à tout le monde.
Maintenant parlons d'un aspect très important du jeu : le gameplay, et là aussi le système est assez inhabituel.
Atelier Ayesha résulte de 2 types de gameplay :
le premier et le plus important concerne l'alchimie, qui fait passer le jeu dans la catégorie des jeux de gestion.
Le second concerne les combats contre les monstres, tirés directement des RPGs japonais tels qu'on les connaît.
L'alchimie : c'est comme la cuisine mais en plus compliqué (et en plus dangereux aussi)
Atelier Ayesha inclut une partie gestion qui s'étend sur plusieurs aspects. Tout d'abord il va falloir gérer votre temps. Qu'il s'agisse de se déplacer sur la carte du monde, de se battre, de récolter des ingrédients ou de synthétiser de nouveaux objets, tout ceci peut vous prendre un ou plusieurs jours. Sachant que vous avez trois ans dans le jeu, il va falloir bien organiser votre planning pour atteindre vos objectifs. Pas d'inquiétude cependant, il est techniquement possible de sauver votre sœur en 2 ans, le reste étant alors consacré aux vrais fins (une par compagnon de combat, plus deux bonus), qui nécessitent chacune de faire plusieurs actions. Sans utiliser de soluce je n'en ai raté qu'une. Et je me fait fort de la réussir avec toutes les autres lors de ma prochaine partie.
En parallèle du temps qui passe allez devoir gérer votre apprentissage de l'alchimie. Celle-ci est clairement la clef de voûte de la série atelier : qu'il s'agisse de faire avancer l'histoire principale, les histoires secondaires, ou de répondre aux requêtes des PNJs lambda, vous allez très souvent y avoir recours. L'accessibilité du titre se ressent surtout ici. Tout a été simplifié et rendu plus clair par rapport à la précédente trilogie, et ce n'est pas un mal.
D'abord il faut récolter des ingrédients (ou les acheter mais ça coûte cher et la qualité ne se trouve que sur le terrain). Pour cela vous allez dans les différents terrains proposés, vous allez aux points de collecte et vous remplissez votre panier. Bien qu'ayant une contenance limitée, il mettra quand même du temps à se remplir, sauf si vous l'avez surchargé d'objets de soin et d'attaque (mais il faut le vouloir). De plus si vous avez plusieurs objets identiques de même qualité ils s'empileront sur la même case. Pour avoir joué Rorona c'est un plus que je trouve vraiment agréable.
Une fois la récolte finie il est temps de rentrer au laboratoire, de déposer la récolte dans le conteneur, et de passer aux choses sérieuse : la synthèse alchimique.
Chaque ingrédient a sa qualité indiquée par une note, et les recettes vous laissent une certaine liberté dans le choix de vos ingrédients : il est rare de devoir apporter un ingrédient précis, la plupart du temps on choisira un type d'ingrédient (eau, métal, fruit, fleur,...). Une même recette peut se faire en changeant les ingrédients. Sachant que chaque ingrédient a des propriétés différentes, les changer donnera le même produit, mais avec des caractéristiques différentes. Un même onguent pourra obtenir une capacité à régénérer de la vie sur plusieurs tours, à renforcer la défense, voire même améliorer les soins potentiels, tout dépend des ingrédients utilisés.
Notons que chaque recette nécessite un certain LV alchimique qui se monte à force de faire des synthèses. Pas de secret c'est comme dans la vrai vie, on se fait la main sur les recettes faciles avant d'en faire des compliquées. Et pour en apprendre de nouvelles il faut passer par des livres, vendus chez les marchands à un prix élevé, mais ça en vaut souvent la peine, vu que c'est là que vous apprendrez à créer de nouveaux objets de soin ou d'attaque.
Pour faire simple on va chez Ayesha devant son chaudron et on choisit la recette. Ensuite on choisit les ingrédients. On mélange le tout en choisissant l'ordre dans lequel on les met. En fonction des caractéristiques de ces derniers, cet ordre peut avoir un effet sur le résultat final (ex. Un ingrédient peut avoir la propriété de doubler la valeur liée à la propriété « feu » de l'ingrédient suivant, ce qui peut vous aider à apporter une propriété puissante à l'objet synthétisé, du genre plus de dégâts pour une bombe, ou plus de santé rendue pour un objet de soin).
On remue à feu doux pendant un nombre de jours dépendant de la quantité synthétisée. Plus vous en faites plus ça vous prend du temps (logique). Et hop ! Félicitations !
L'alchimie est le meilleur moyen de remplir des quêtes. En tant qu'alchimiste vous allez créer des objets pour divers habitants du monde de Dusk, sachant que plus vous en faites, plus il y aura de conditions à remplir liées à la qualité des objets et au nombre requis. Mais pas d'inquiétude si vous donnez un produit qui ne rempli pas toutes les conditions il faudra juste compenser en augmentant les quantités de façon conséquente. Ces quêtes sont le meilleur moyen de gagner des memory points.
Avant de parler des combats faisons un détour par ces memory points. Vous en gagnez à plusieurs occasions (quête annexe, livraison d'un produit à un PNJ, monstre spécial vaincu,...) et pourrez les dépenser pour rédiger des pages de votre journal personnel décrivant certains événements (liés à l'histoire ou annexes). Pas vraiment indispensable, mais chaque page rédigée apporte des bonus agréables.
Ce système peut se montrer vraiment prenant, tout comme il peut se montrer répétitif, à force de répéter le même schéma récolte-synthèse-livraison/utilisation. Il est conseillé pour éviter la lassitude, soit d'aimer multiplier les combinaisons pour aller défourailler les boss optionnels (assez corsés, objets d'attaque et de soin optimisés obligatoires), soit d'aimer l'ambiance du jeu qui par ses cut-scènes apportera de la diversité et réduira ce défaut.
Les combats : la tradition en terrain connu
Ici on ne risque pas d'être perdu. Les combats se font en tour par tour, sur une arène sur laquelle les 3 membres de votre équipe peuvent se placer plus ou moins librement (quand vous voulez les déplacer on vous propose 2 nouvelles places, pas toujours adaptées d'ailleurs). L'ordre des tours se fait selon la vitesse comme dans FFX et varie en fonction des actions choisies, certaines nécessitant de « récupérer » plus longtemps que d'autres. Il y a aussi deux jauges qui se remplissent selon que vous donnez des coups et en recevez. La première sert à sortir un coup ultime une fois remplie et la seconde se charge selon plusieurs paliers et sert à sortir des actions spéciales (protéger, lancer un coup supplémentaire, récupérer des pm,...), avec des coûts variables, dont certaines spécifiques à un personnage. Notons qu'Ayesha n'a aucun coup ultime et qu'à la place elle est la seule à utiliser les objets. L'aspect stratégie tient au placement de vos héros et des ennemis sur le terrain, qui influera sur l'utilité des attaques de zones et peut servir de condition au déclenchement de certaines actions spéciales précédemment citées (impossible par exemple de protéger un compagnon s'il n'est pas assez proche). Que du classique, rien qui n'ait été fait ailleurs.
Il n'y a rien d'extraordinaire ici, heureusement les combats sont assez courts, et à moins de les fuir systématiquement, ils ne devraient poser aucun problème. Par contre les boss optionnels peuvent être assez relevés.
En durée de vie on tourne ici autour des 40 heures, mais c'est très variable selon votre investissement dans les quêtes annexes, votre recherche de toutes les recettes, et si vous avez envie de faire un new game + pour débloquer toutes les séquences de fin. Une chose est sûre, en terme de gameplay on jouera à Atelier Ayesha pour son alchimie, non pour ses combats
Mon verdict :
Atelier Ayesha est un jeu atypique. Nous proposer une histoire avec direct une limite de temps, qui est réellement personnelle (le monde on s'en fout ici) et nous proposer de continuer à jouer bien que nous ayons rempli l'objectif principal c'est assez rare de nos jours. Ajoutez à cela un système d'alchimie complet et souple, et vous obtenez un jeu (ou une série plutôt) qui ne ressemble à aucun autre. Il me fait penser à une promenade à la campagne : ça sonne moins épique que du karting, du sport ou une simulation de tir, mais c'est reposant, agréable, et on en sort détendu avec les batteries pleines. Un vrai moment de détente entre deux sauvetages du monde.
(en plus à 20 euros en import UK, ou 25 euros chez la Fnac, vous pouvez bien lui laisser sa chance).